Après des mois d’abandon nous avons retrouvé notre atelier commun à l’Académie et redécouvert ce que nous y avions laissé, la nature ayant repris ses droits nous avons eu quelques surprises. Certaines sculptures avaient carrément de la mousse haute mais la mienne avait un simple et léger duvet vert. Ce portrait de mon fils fait en janvier 2020 juste avant la crise Covid avait été abandonné non fini, il me restait à sculpter le regard qui était à peine esquissé, et je devais remodeler un peu les cheveux. Presque tout vert à la reprise début décembre, j’ai dû choisir entre nettoyer gratter et refaire ou préparer pour la cuisson. Mon professeur m’a dit une chose bien interessante: d’une part que la mousse disparaitra à la cuisson et d’autre part que ce portrait non fini appartenait au passé alors qu’il fallait aller de l’avant, que s’il ne me plaisait pas comme ça je n’avais qu’à en refaire un autre. Je suis sûre que son conseil pour ce travail particulier me sera utile dans bien d’autres cas, et dans ce cas précis l’effet surprise de la mousse et les traces d’emballage marquées par l’abandon montreront ce que ce virus a eu sur la sculpture en parallele avec son impact sur nos vies. Non fini et rongé par la nature qui reprend ses droits sur la terre, ce portrait restera ainsi. Je le prépare pour la cuisson et attend de voir ce que ça donnera.
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Scuola a turno
Siamo felici lo stesso, ma bisogna ammettere che dobbiamo sbrigare le sculture, non si prende nemmeno il tempo di pisciare. Ieri ho finito un ritratto, e osservando le foto vedo solo che erano necessarie ancora ore di lavoro. Questa fotografia, scattata dopo l’uscita dal forno delle mie opere dell’anno scorso, mette in scena la scultura fatta durante il lockdown di primavera 2020 che rappresenta una scultura rotta alla quale è stato vietato di “andare” “fare” “pensare” , che ora serve di modella in aula siccome fosse ormai una normalità di soffrire di divieti. Il modello nuovo : fare turni correre e sacrificare lezioni. La presenza delle Nike un aula ha un importanza di significato nell’immagine, un ruolo, un messaggio, il ricordo di ciò che fu una vittoria che ora predomina nella nostra speranza. L’arte deve interpellare, non solo i sensi con l’estetica ma anche e direi sopratutto il cuore con lo spirito.
L’école à tour de rôle. Nous sommes heureux quand même, mais il faut admettre que nous devons nous dépêcher avec les sculptures, sans même prendre le temps de pisser. Cette photographie, prise après la cuisson de mes œuvres de l’an dernier, met en scène la sculture faite pendant le confinement de printemps 2020 qui représente une sculpture cassée a qui on a interdit “d’aller” de ”faire” et de ”penser”, et qui à présent sert de modèle en salle comme si dorénavant il serait “normal” de souffrir d’interdits. Le nouveau modèle : aller en cours à tour de rôle courir entre les cours et l’ordi et sacrifier certaines leçons. La présence de la victoire de Samothrace dans notre salle de cours a une signification importante dans l’image, un rôle, un message, le souvenir de ce qui fut une victoire prédomine désormais dans notre espérance. L’art doit interpeller, pas seulement les sens grâce à l’esthétique mais aussi et je dirais même surtout le coeur avec l’esprit.
Vestige culturel
Le message porté par cette sculpture faite pendant le premier confinement va nous accompagner encore un moment. Plus que de représenter le fait de ne pas se déplacer de ne pas faire et de ne pas décider, au delà des restrictions sur nos personnes, il existe une souffrance concrète dans le corps des gens. Ce vide que j’avais creusé pour y laisser respirer l’espoir est demeuré vide, l’attente continue. Le corps et la culture subissent les mêmes blessures, si la famille est ce qui nous lie par le sang la culture est ce qui nous lie par tout le reste.
Manifesto
Projetée pendant le lockdown COVID19 pour le cours de sculpture online, cette figure est la manifestation de l’état de mon âme quand je ne peux ni faire ni aller ni décider.
L’absence de membre et de la tête laisse suggère une ruine retrouvée partielle dans un chantier archéologique, comme si nos libertés y étaient enfouies le temps du passage de virus qui aurait eu l’effet d’une tornade dévastatrice. Les fissures dans la terre de ce corps signent la fragilité de nos libertés la fragilité de la vie même:
« rendre visible la blessure intérieure de l’âme ».
Le vide intérieur fait place au souffle d’espérance qui nous anime.
Dans ce projet je fais référence aux manifestants qui écrivent le slogan sur leur propre corps pour attirer l’attention, les blessures les cassures de la sculptures représentent dans ce cas les coups portés ou la censure.
Une autre référence est celle à la Venus de Milo, dont je reprends la posture dans une forme libérée et plus charnelle. Le message dans cette ressemblance est celui de l’image que l’on nous impose comme modèle, image cassée brisée fendue car ce qui compte c’est ce qu’il y a à l’intérieur et nous ne sommes décidément pas faites toutes dans le même moule.
Mon cri à travers ce manifeste est limpide, il devait juste prendre forme. J’ai donc présenté ce projet dessiné avec le « bozzetto » pour les examens de passage avec les relations des précédentes sculptures que vous avez pu voir ici au cours du premier semestre et qui sont publiés dans cette rubrique de blog dédiée à l’Accademia.
Dans cet article j’ai publié plusieurs croquis de base jusqu’au dessin complet du concept et les photos de la réalisation du modèle en argile. La sculpture de taille humaine n’est pas faite et l’idée demeure sous forme de « bozzetto » c’est à dire de projet dont la partie en argile est à cuire pour ne pas la perdre. En début d’année j’avais commencé à projeter une version de l’albatros dont le « bozzetto » est fait, projet remplacé par celui ci plus urgent à explorer, plus necessaire.
À l’approche de la rentrée alors que nous pouvons enfin espérer retrouver les atelier et relever de nouveaux défis j’ai une pensée pour ceux qui n’ont pas eu autant de chance et je continue mon chemin.
Poussière d’étoiles, autoportrait 2020
« Je suis dans le pays des arts : je veux en approfondir l’étude, afin d’y trouver de la joie et du repos pour le reste de ma vie et de pouvoir passer à autre chose. » Goethe, Voyage en Italie, extrait de correspondance du deuxième voyage le 20 juillet 1787.
Émergence sanitaire Covid19.
Version en confinement dans un bocal. Je suis dans un bocal sur une étagère au pays des arts et j’attends la libération. Poussière d’étoiles, la pierre ponce résulte de la fusion au cœur de la terre comme je résulte de la fusion de deux êtres, elle naît dans un volcan qui la propulse dans la mer pour son voyage entre les terres comme moi en diaspora entre la Corse et l’Italie. Je suis de la poussière d’étoile, le hasard m’a fait naître ainsi et vous autrement et ailleurs, formes différentes de la même substance. Le plus important est toujours le voyage et ses rencontres.
Etude pour le cours de dessin pour la sculpture axé sur l’art contemporain du Professeur Pantani de l’Accademia di Belle Arti di Firenze.