Pouvoir de l’imagination

Installation 2023 Ghisonaccia Corsica.
Main d’homme en terre cuite modelée d’après calque en plâtre sur modèle vivant (Federico) 2023 Carrara.
J’aime surprendre les visiteurs de l’atelier, souvent une touche d’humour interpelle dans des installations que je déplace et modifie au fil de mon esprit vagabond. Cette installation ci fait référence aux figures animées dans le film de Cocteau « la Belle et la Bête », un film qui a eu une grande importance dans la construction de mon imaginaire. Prévus pour recevoir des poutres d’étagères dans cette ancienne cave à vin, ces trous occupent un espace dans le mur qui peut être utilisé pour de la mise en scène. Quand cette main est posée sur un support, la coupure est visible, elle ressemble ainsi à un ExVoto étrusque et rappelle aussi la main de la famille Adams. Or dans ce cas précis la main semble surgir du mur et suggère à l’observateur que le reste du corps est caché hors champs, comme le passe-muraille coincé à la fin du roman. Voir la sculpture de Jean Marais à Marcel Aimé sur la page WIKI https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Passe-muraille
Le but de ce type de manoeuvre est d’inviter le visiteur à construire le reste de ce qui manque au fragment visible dans la réalité. Une réalité tangible augmentée par l’effort du cerveau, sans artifice ni dispositif, juste grâce à l’immense pouvoir imaginatif de chacun, car notre système nerveux central est une machine extraordinaire.
Tel un puits de lumière, si l’on s’imagine à l’intérieur du mur, l’ouverture représente l’espoir. Cette perception peut provoquer une sorte de malaise si on est un peu claustrophobe. Si on reste clairement devant en revanche on se place en position de pouvoir prendre cette main tendue et l’aider à sortir, ou passer son chemin et rester béa devant la catastrophe. Et si foncer dans le mur était le meilleur moyen de le rompre? Ensuite intervient le doute, on peut se demander si l’être piégé dans le mur est mort ou encore en vie, de cela dépend la suite de l’histoire. A chacun la liberté de l’écrire …